AGENDA
16 septembre - 22 octobre 2016
BILLETERIE
Du 11 janvier au 2 mars 2025.
Vernissage vendredi 10 janvier 2025 de 18h à 21h en présence des artistes et du commissaire de l’exposition.
Sous le titre Les Flocons de l’été (sur tout ton corps sont tatouées des perles d’or), cette exposition propose un voyage sans début ni fin, accompagné d’une bande son dédiée, et qui s’étirerait d’un jour d’été infini à une nuit d’hiver suspendue : « C’est l’hiver, en été / La nuit blanche pourrait durer / Toute l’éternité / Loin, si loin, soi-même exilé / Sous les flocons de l’été / La nuit pourrait durer / Toute l’éternité ».
Elle y embarque douze artistes émergents vivant entre Marseille, Paris et leurs banlieues – Jean Bosphore, Nicolas Boulben, Jean Claracq, Antoine Conde, Adrien Fricheteau, Lazare Lazarus, Lou Olmos–Arsenne, Jules Magistry, Julien Robles, Camille Roquet, Paul Rousteau et Victor Siret – qui explorent chacun à sa façon le vécu ordinaire des éternels adolescents des années 2000-2020. Une jeunesse désemparée qui, au cœur de banlieues urbaines normalisées et interchangeables occupe son temps de façon fragmentaire, rivée sur des écrans en cristaux liquides, entre applications de smartphones, jeux vidéo et programmes Netflix, ou dans des rues et des parcs quasi abandonnés ou délaissés. Le cinéma d’un David Lynch, d’un Gus Van Sant, d’un Gregg Araki et d’un Harmony Korine ou les photographies d’un Larry Clark, d’un Ed Templeton et d’un Ari Marcopoulos y reviennent régulièrement comme références, voire l’œuvre d’un David Hockney.
Pour autant, ces douze artistes pratiquent très paradoxalement des techniques artistiques propres au temps long : la tapisserie, le dessin au crayon de couleur, au bic ou à l’encre, la gravure ou le monotype, ou encore une peinture particulièrement minutieuse. Simples, touchantes et faussement innocentes, leurs œuvres révèlent dès lors des univers complexes et parfois inquiets entre nostalgie pour les années 1980- 2000 – cette fin du siècle dernier où ils ont vu le jour, solitude et mélancolie du temps présent et projection dans des avenirs inespérés qu’ils romantisent ou fictionnalisent.
Au-delà donc des tourments, des interrogations et des espoirs qu’elle(s) génère(ent), ils construisent leur(s)identité(s) sur le courage et l’intensité que peuvent apporter le reconnaissance sinon l’affirmation de soi, la lutte collective et l’apprentissage progressif de la confiance en les autres comme en soi-même et développent des regards sur la masculinité d’un genre nouveau. D’une beauté sauvage et farouche, leurs œuvres en témoignent avec une force, une détermination et enjouissance inégalée.
René Char ne professait-il pas : « Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. À te regarder, ils s’habitueront. »
Marc Donnadieu, commissaire de l’exposition.
Né en 1960, à Jerada, Maroc.
Marc Donnadieu est chercheur, enseignant, critique d’art et commissaire d’expositions indépendant. Membre de l’ICOM depuis 2010, il a été conservateur en chef de Photo Élysée (Musée cantonal pour la photographie, Lausanne, Suisse) de 2017 à
2023, conservateur en charge de l’art contemporain au LaM Musée d’art moderne, d’art contemporain et d’art brut de Lille Métropole de 2010 à 2017, directeur du Fonds régional d’art contemporain de Haute-Normandie de 1999 à 2010. Adhérent de l’Association internationale des critiques d’art (AICA) France depuis 1997, il collabore régulièrement à Art Press depuis 1994 et The Art Newspaper depuis 2023. Il a été lauréat du Prix Spécial des 10 ans du Prix de l’AICA France en 2022 et Chevalier de l’Ordre des Arts et Lettres en 2004. Il
a également rédigé ou contribué à de très nombreux ouvrages monographiques ou thématiques dans les domaines des beaux-arts, de la photographie, de l’architecture, du design ou de la mode. En parallèle, il a été commissaire ou co-commissaire d’expositions monographiques ou thématiques de référence consacrées à la notion d’engagement, aux processus de construction des identités et des corps
contemporains, au champ pictural, aux pratiques du dessin, aux rapports entre art et architecture, ainsi qu’aux relations entre photographie et art brut.
Crédit photo : Mathilda Olmi